Si avec ses quelque 150 habitants, Rennemoulin est l’un des plus petit village des Yvelines, ce n’est certes pas par manque de caractère, mais seulement en raison de sa configuration. En effet, situé sur la route qui va de Noisy-le-Roi à Villepreux, deux localités auxquelles il aura été successivement rattaché, il est implanté de part et d’autre du ru de Gally qui à cet endroit trace son cours dans une sorte de dépression de la plaine de Versailles. Deux facteurs, présence d’une rivière et plaine alentour, qui ont déterminé son histoire.
D’origine sans doute bien antérieure, l’existence du village est attestée dans les archives par la fondation en 1202 d’un prieuré en bordure du cours d’eau, à proximité d’un moulin.
C’est là en effet que deux frères, Jean Paalé, seigneur de Rennemoulin, et Guillaume Escuasol, prévôt de Paris en 1195 puis bailli de Rouen, font bâtir une chapelle dédiée à saint Nicolas, dont le service est assuré par un religieux Trinitaire, un ordre créé en 1193 pour le rachat des chrétiens prisonniers lors des Croisades.
Ils ouvrent la même année aux portes de Paris un Hôpital de la Trinité pour l’accueil des pèlerins, dont ils confient l’administration aux Prémontrés de l’abbaye d’Hermières dans la Brie, qui vont aussi gérer le prieuré de Rennemoulin.
Si l’existence de la seule chapelle est avérée, les fouilles effectuées lors de sa restauration et l’analyse du bâti confortent l’idée que l’édifice était à l’origine plus grand et sans doute intégré à un ensemble de bâtiments. Toujours est-il que malgré le petit nombre d’habitants (18 feux en 1745 soit approximativement 90 personnes), la chapelle, devenue depuis le XVIe siècle église paroissiale, est l’objet de donations et d’entretien réguliers, et l’on conserve le nom de tous ses desservants jusqu’à la Révolution. C’est par le dernier d’entre eux, Rémi Séné, en charge de 1785 à 1793, que l’on connaît la fin de l’église suite à un incendie accidentel en 1790 qui conduit à sa fermeture et à la vente du mobilier. La paroisse est supprimée et rattachée à Villepreux en 1804 puis à Noisy-le-Roi en 1901, et le bâtiment est dès lors condamné au sort de grange, voire de ruine… si l’actuelle municipalité de Rennemoulin ne l’avait sauvé !
La présence du moulin et du prieuré ainsi que l’existence des champs alentour expliquent par ailleurs la vocation agricole du village. Une vocation quelque peu contrariée lorsqu’à partir de la seconde moitié du XVIIe siècle, la commune est intégrée au Grand Parc voulu par Louis XIV pour y élever le gibier destiné à ses chasses, avec une faisanderie le long du ru des Gally, des réserves à gibier, et une règlementation rigoureuse des cultures, autant de contraintes qui nuisent aux intérêts des paysans, et qu’ils dénonceront avec force un siècle plus tard dans les cahiers de doléances. En revanche la présence de la Cour non loin (nous sommes à 2 ou 3 kilomètres du château de Versailles à travers champs) peut être aussi une source de profits et d’emplois…comme de nuisances pour ce qui est du même ru de Gally, car le ruisseau qui fournissait de l’eau et faisait tourner les moulins est devenu l’égout collecteur du château, une situation intolérable pour des générations de riverains.
Cela étant, avec la Révolution survient une ère nouvelle qui entend rendre les terres royales à ceux qui la travaillent, mais comme partout ailleurs, la promesse tourne court et les terres reviennent aux nouveaux possédants. A côté de modestes exploitations, se constituent de grands domaines que se transmettent des dynasties de propriétaires : les Demarine, le baron d’Osmond, les Lefebvre-Morainvillé, les Manuel, qui ont les moyens de s’équiper en matériel innovant et en personnel nombreux. C’est ainsi que la population de Rennemoulin augmente avec l’arrivée de plusieurs familles d’ouvriers agricoles originaires de Belgique. Quant aux innovations, elles se concrétisent en particulier par l’achat en 1916 de la ferme du Prieuré par l’Institut Pasteur pour y procéder sur des animaux à la mise au point de vaccins. Une activité de recherches qui se double de l’exploitation des terres agricoles, et qui subsistera jusqu’au début de cette décennie soit sur près de 100 ans. Curieux caprice de l’histoire qui voit un même lieu à vocation spirituelle à l’origine se trouver 700 ans plus tard une destination médicale.
Partagé entre tradition et modernité, Rennemoulin comme tous les villages environnants s’est transformé en devenant en majeure partie résidentiel, mais l’agriculture continue d’y occuper une place importante avec le maintien de grandes exploitations agricoles qui entrent dans l’ensemble de la Plaine de Versailles.