A l’heure où les municipalités de Noisy-le-Roi et Bailly entendent commémorer les 500 ans de la naissance d’Albert de Gondi, et où l’on programme à Noisy-le-Roi la rénovation de l’église paroissiale, il convient de rappeler les temps lointains où le village, pour modeste qu’il fût, comptait deux églises, une église « noble » et une autre pour le bas peuple !
C’est dans les années 1570 que Gondi, élevé à tous les honneurs par la faveur de Catherine de Médicis, se constitua un vaste fief à proximité de Saint-Germain-en Laye. D’un manoir qui existait déjà au nord de Noisy, il entreprit de faire une élégante demeure où il accueillerait bientôt souverains et hôtes de marque. Catholique zélé, il y adjoignit un couvent, dévolu à une congrégation des Minimes puis à l’une des Cordeliers, en s’appropriant l’église du village implantée à cet endroit.
Devant les protestations des paroissiens, il s’engagea à édifier une nouvelle église en contrebas et à la pourvoir de moyens, mais la partie demeura inégale sur plusieurs siècles, le couvent au service quasi exclusif du château, avec ses 12 moines, disposant d’un bâtiment richement entretenu grâce à de constantes donations, tandis que l’église paroissiale avec son unique desservant demeurait manifestement inconfortable et sous-équipée.
Une situation que dénoncèrent les édiles locaux dès le début de la Révolution : « Le Maréchal de Retz s’empara de l’église paroissiale…pour lui servir de chapelle, et fit bâtir à la place cette espèce d’oratoire qui sert encore aujourd’hui de paroisse, qui ressemble plutôt à une grange qu’à une église, qui suffit à peine pour contenir le quart des habitants, et qui éboule de toute part ».
L’église des Cordeliers offrait en revanche les garanties d’une parfaite conservation, et les municipalités en souhaitèrent la rétrocession. Des études furent conduites, des procédures engagées, mais avec le temps l’opération échoua : les bâtiments du couvent furent vendus, ainsi que son église qui fortement dégradée semble avoir disparu dès 1802. Seule l’église paroissiale restait aux Noiséens, à charge pour eux d’en réaliser la difficile restauration. Une question toujours d’actualité pour assurer à l’édifice l’entretien exigé et à sa communauté les meilleures conditions de confort et d’accueil.
Article paru dans la revue « Le Mag » de Noisy-le-Roi de juin-août 202