Conférence de Marco Calafati

Les Gondi ont une double appartenance, à la fois florentine et française. Ces origines ont certainement joué sur leurs choix tant architecturaux que dans la vie quotidienne. Il leur fallait montrer leur intégration dans la tradition française sans pour autant oublier leurs origines : un difficile équilibre diplomatique !

A l’époque la cour n’a pas de résidence fixe: elle se déplace et les grands du royaume – pour l’accueillir ou pour l’égaler en prestige – se font construire de superbes demeures, souvent précédées de vastes esplanades comme à Ecouen, Gaillon, plus tard Noisy et enfin Versailles.

En acquérant les fiefs de Noisy, Bailly, Villepreux, Les Essarts, Versailles, Le Vésinet et Saint-Cloud, Albert de Gondi devient l’un des plus riches seigneurs de l’ouest parisien. Le château de Noisy, une de ses demeures parmi bien d’autres, s’élevait à flanc de coteau, en haut de jardins en terrasses. De cet ensemble il ne reste aujourd’hui que la porte menant à la seconde cour. L’ensemble se situait dans un cadre champêtre et raffiné, offrant un cadre discret aux négociations secrètes de cette époque troublée. Catherine de Médicis y a séjourné, tout comme son fils Henri III.

Si l’édifice a disparu, sa disposition peut en être restituée grâce à un plan de 1567, disposition que l’on retrouve au château de Chaillot construit pour Catherine de Médicis, et plus loin à Lesigny (Concini), Fresnes, Wideville.

La maçonnerie en est faite de briques et pierres. Le château s’élève sur une terrasse entourée d’un fossé avec quatre pavillons d’angle; le corps de logis est ouvert sur tous les côtés. Si le plan intérieur peut rappeler les villas palladiennes, l’extérieur n’en retient rien : il reste de tradition française.

En revanche la configuration des jardins en terrasses rappelle la disposition topographique comparable  des villas toscanes du XVIe siècle, par exemple à la villa Petraia à Florence.

 

Outre le château et ses jardins, une superbe grotte contribuait à la célébrité du lieu : édifiée en forme de trèfle sur deux niveaux, elle comportait un salon à l’étage et des salles fraîches en dessous, agrémentées par des jeux d’eau. La décoration de l’édifice est dans la tradition florentine : animaux comme à la grotte de la villa Bogoli des Médicis, décors à coquillages, statues, stalactites… La profusion ornementale évoque une relation entre Noisy et les grottes italiennes. On pense qu’un architecte italien, ayant travaillé à Pratolino, actif entre 1575 et 1590, serait venu à Noisy après avoir travaillé pour les Médicis à Florence. Hypothèse étayée par un manuscrit citant la « fabrica de Pratolino ».

Les vestiges découverts dans les fouilles récentes présentent des similitudes avec les décors connus en différents lieux : en 1581 Guillaume de Bavière fait construire une grotte dans ses jardins, grotte dont on sait qu’elle était ornée de coquillages. On en retrouve une à Padoue et en France à Meudon et Saint Germain, ornées également de mosaïques et de sculptures monumentales. Mettre image